Gabon : A propos de la grève illimitée du personnel de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon ; entretien avec le Secrétaire Général du SYNTEE+.

Publié le 6 Novembre 2017

Gabon : A propos de la grève illimitée du personnel de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon ; entretien avec le Secrétaire Général du SYNTEE+.

  La SEEG, entreprise parapublique cogérée avec l’entreprise française Véolia et en  charge de la production de l’eau et l’électricité qui, rappelons-le, à l’instar de l’état décadent de ses services, connait de problèmes de trésorerie, d’impayés sur le l’indemnité des services rendus et autres bonus.  La direction générale n’ayant pas remplis sa part de responsabilités après la signature d’un protocole d’accord datant de mars 2016, l’Assemblée Générale du personnel réunie autour du SYNTEE+ ce lundi 6 Novembre 2017, a décidé de lancer un mouvement de grève illimitée nonobstant le paiement partiel des créances de l’état vis-à-vis de cette entreprise, dans le but de manifester leur mécontentement et réclamer leurs droits les plus élémentaires. Les partenaires sociaux dont la direction générale, l’inspection du travail et le personnel sont à pied d’œuvre pour remettre les pendules à l’heure et tenter de régler les problèmes d’un commun accord.  

   Pour éclairer l’opinion sur la situation qui prévaut au sein de cette entreprise monopoliste, la rédaction de Mvett Infos Gabon, a tendu son micro à monsieur Jérome MvONE NGUEMA, par ailleurs SG du SYNTEE+ afin d’en savoir un peu plus qui s’est prêté à nos questions et dont nous vous livrons la substance dans les lignes ci-dessous :

 

MIG : Bonjour Monsieur MVONE NGUEMA ; pouvez expliquer à nos lecteurs quelles sont les causes de la grève illimitée que vous avez initiée  sous l’impulsion de votre base ? Quels en sont les contours ?

JMN : Bonjour, C’est suite à une Assemblée Générale qui avait un autre ordre du jour que le personnel a imposé notre syndicat, à revendiquer sur les points négociés. En 2015, nous avons signé un protocole d’accord avec notre direction générale sur certains points qui, à un certain moment donné, a, unilatéralement, décidé de supprimer la poursuite des versements des accords mais aussi décider de méconnaitre aujourd’hui ce qui a été signé en contrepartie. C’est consécutivement à cela, que nous avons déposé le préavis de grève le 19 Octobre 2017. Quand nous avons eu une rencontre avec le DG le 25 Octobre, parce que la grève a été programmée pour le 2 Novembre, il nous a laissé entendre qu’il n’était pas aux affaires lorsque le document a été signé et qu’il ne comprenait pas les contours du document même s’il a reconnu que, selon, les boutons sont au rouge du fait du non-paiement des créances de l’état. Nous lui avons fait comprendre que l’administration ne saurait s’arrêter même si des nouvelles têtes se succèdent, que en héritant du poste de directeur, il hérite du passif et de l’actif de son portefeuille. Dire qu’il n’était pas là au moment de la signature du protocole d’accord ne résolvait en rien  le fond du problème.

   Nous de revendiquons rien de nouveau, la seule chose que nous exigeons, c’est l’applicabilité des accords. On a eu un accord sur l’augmentation de l’indemnité de logement,  mais le DG, évoquant les problèmes de trésoreries, nous a demandé si nous étions d’accord qu’il nous  verse cet acquis  en trois tranches. Il a honoré les deux premiers versements, mais malheureusement depuis le 31 Mars 2016, donc depuis 20 mois, il ne nous verse plus rien. On a eu un accord sur l’indemnité d’eau et d’électricité où il a pris l’engagement de nous verser cette indemnité toujours à partir du 31 Mars 2016, mais il n’en est rien. On a également un accord sur l’indemnité des services rendus. Il faut connaitre que c’est le personnel lui-même qui a eu l’initiative d’engager un mouvement de grève puisqu’il ne se reconnaissait plus à leur syndicat. Alors, l’objet était celui d’ouvrir une négociation sur l’augmentation des indemnités des services rendus. Vu le fait de la DG évoqué a les problèmes de trésoreries, nous avons tablé sur la mise en place d’un bonus compensatoire, transitoires jusqu’au début des négociations. Malheureusement, le bonus a été payé normalement aux agents en partance pour la retraite, mais il l’a coupé  le 31 Mars avant éventuellement l’ouverture d’une unième négociation.  Ainsi, le personnel a décidé de cesser les activités et est rentré en grève pour que le DG satisfasse les revendications de l’accord avec un effet rétroactif car cela fait 20 mois d’impayés.  Il se  refuse d’accepter les propositions de partenaires sociaux sur l’application du paiement ou les échelonnements et satisfaire le personnel, par contre il accuse l’état de non-règlement de sa dette, il table sur le fait qu’il n’était pas là au moment de la signature du protocole d’accord. Pis,  il nous renvoie vers notre base mais celle dernière, comme un seul homme, a dit ce matin niet tant que ces premiers points ne sont pas satisfaits.

MIG : Selon certaines indiscrétions, il est dit que certains agents de la SEEG, n’auraient pas perçu leurs salaires depuis trois mois. Confirmez-vous cette information?

JMN : Non, Je prendrai son partie. Le DG lui-même s’est engagé et se bat d’arrache-pied pour assurer le paiement des salaires. Jusqu’à présent les salaires sont bien payés, malheureusement nos revendications ne sont pas satisfaites et il refuse de leurs donner une suite favorable.

MIG : Comment entendez-vous réagir si dans les prochains jours, semaines ou mois à venir, vos revendications ne soient pas pris en compte ?

JMN : Personnellement, je n’aime pas parler du futur. Je dirai que chaque chose a sa conséquence. La nature nous aidera demain à comprendre ce que le personnel a fait ou fera. Aujourd’hui, je ne peux pas dire qu’on coupera les arbres, détruira les bâtiments. Nous sommes quand même un syndicat responsable, c’est pourquoi nous prenons les décisions au niveau de la base. On a un conseil qui nous oriente en cas de blocage et vers qui nous nous en referons. Notre responsabilité nous empêche de poser des actes nuisibles et faire n’importe quoi. C’est quand même notre société, c’est notre état, nous sommes nous-mêmes également  des clients, des consommateurs donc c’est notre outil de production, c’est notre mamelle. Nous ne pouvons couper l’arbre sur lequel on est assis mais nous voulons seulement que notre partenaire soit ouvert et sensible aux doléances du personnel.

MIG : Plusieurs sons de cloche s’élèvent du coté de abonnés, de la clientèle pour fustiger les augmentations faramineuses de leurs factures d’eau et d’électricité, qui ne sont pas, la plupart du temps, justifiées ; qu’en est-il exactement ?

JMN : Moi, je ne suis que syndicaliste. Cette question devrait être posée à la direction générale, c’est à elle d’apporter des éclaircissements là-dessus car c’est elle qui fixe les tarifs. Ce que je sais, c’est qu’il a un problème sur la qualité de nos services, elle n’est pas bonne et les clients se plaignent. Il y’a des coupures d’eau et de courant ici et là, il y’a des factures que les clients ne comprennent pas, c’est vrai mais dire que donner ma pensée sur quelque augmentation que ce soit, je ne saurai le faire.

 

MIG : Dernière question à deux volets, quel message à l’endroit de vos collègues grévistes et ensuite à l’administration ou aux autorités publiques ?

JMN : Je préfère commencer par le deuxième volet. La SEEG est une entreprise parapublique, bien que la gestion soit assurée par Véolia. Le personnel y travaillant est en gros gabonais, donc nous ne pouvons que demander à l’administration de voir, d’échanger, de discuter avec notre partenaire pour qu’elle gère correctement cette entreprise ; qu’on le veuille ou pas, la SEEG est gabonaise, que nos dirigeants essaient de nous comprendre, c’est aussi notre outil de travail que nous voulons préserver. Aujourd’hui, il semblerait que Véolia, soit en train de rapatrier les capitaux à l’étranger et laisser la SEEG a genou et vous le savez, l’état ne s’acquitte pas de sa créance. Nous ne pouvons pas tolérer que Véolia accuse les autorités publiques de cette manière alors qu’un grand geste de l’état vient d’être posé.

 Maintenant à l’endroit de nos collègues, c’est leur dire de rester fermes, unis et solidaires dans le mouvement parce qu’il y va de nos vies et de nos familles qui dépendent de nous. Etre courageux, fiers et forts.

MIG : Mvett Infos Gabon vous remercie.

JMN : Merci, Transmettez également à vos collègues nos remerciements et les remerciements de SYNTEE+.

 

 

Propos recueillis pour Mvett Infos Gabon, par Junior Ebong Tchissambo.

 

Rédigé par Junior Ebong Tchissambo

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